Poème désertique 1

comme le même réveil
ce matin
que le matin d’hier
comme le même trajet
ce matin
que le matin d’hier
comme le même taf
aujourd’hui
que la journée d’hier
comme le même joint
ce soir
que le soir d’hier
comme le même lit
cette nuit
que la nuit d’hier
comme les mêmes problèmes
demain
qu’aujourd’hui
comme une routine
il y a 10 ans
un mois
hier
aujourd’hui
et demain
comme un désert
comme un enfermement
comme une machine
qui doit tourner
sans s’arrêter
en cas de problèmes
une nuée de réparateurs
psy, ostéopathe, médecin, pharmacien, dealer, syndicaliste, flic, professeur
pour que demain
vous ayez la même vie
pour que

rien
ne
change

hors de ce Monde

ce matin il neige
je rêve
m’inspire
m’imagine
puis toujours cette réflexion
comment rendre les idées actions ?
où voudrais-tu aller lecteurice
là demain où veux tu être lecteurice
et cette réponse
toujours insoluble

n’importe où,
n’importe où
pourvu que ce soit
hors de ce Monde

humanité

c’est l’Humanité qui cherche le bonheur

la peur
l’amour
la rage
la haine

la guerre
la paix
le légal
l’illégal

être enfant
être adultes
vouloir des enfants
vieillir
être vieux

le travail
le sommeil
les vacances
la nourriture
le sexe
les drogues

construire
détruire
inventer
penser
inspirer
critiquer

espérer
rêver
imaginer
créer

crier
fort
se battre
s’allier
faire des choix
gagner
perdre

la campagne
la ville
la montagne
la mer
la forêt

Et toi lecteurice                            cherche quel bonheur
ton Humanité

calme

calme
il faut du calme
du temps et de la patience
il faut du calme
a l’époque
et a celleux qui la vivent
il faut du calme
général, universel
anthropologique
il faut du calme
s’allonger dans l’herbe
et regarder le vent dans les arbres
regarder nos proches, les étoiles et le reste
il faut du calme
pour briser ces flux
interminables et ravageurs

que faire

Que faire si la poésie ne suffit pas
Que faire si écrire ne suffit plus
Que faire si les émotions débordent
Que faire que faire que faire
partir de nos certitudes peut-être ?

Toujours du côté de ceux qui galèrent
Toujours du côté des perdant.e.s
Toujours du côté des arrêté.e.s
Le nouveau monde est ce Monde
L’ancien monde est ce Monde
la rage
encore bouillante
qui chauffe le sang et le cerveau

ça va cramer fort
les flammes dépasseront vos frontons
les incendies feront fondre votre or
la fumée dans vos appartements immaculés
et nous qui courons danserons crierons
guerre civile inévitable
et déjà en cours

voyage

il neige
et cela fait bientôt 20 jours qu’il neige
d’abord sans arrêt pendant une semaine
puis de moins en moins
comme des parenthèses magiques
et hier soir il a neigé
mais la neige n’as pas tenu
elle tombait du ciel
sans toucher le sol
et moi je brûlais
rage guerre feu
et la neige n’as fait que m’éteindre
il neige
et cela m’as dérangeait
m’as ralentit
m’as fait sentir vide
encore plus sous la neige
fatigue et désespoir
est-il l’heure poète
de reprendre la mer
et dériver
loin du vieux continent
loin des vieilles croyances
loin des chaînes, menottes et prisons
loin des blooms
qui ont vécu, vivent et vivront
loin des peurs
loin des cultures
loin des vies
loin des humains

vivre
comme un fin voilier
suivant le soleil levant
croisant une tortue
les oiseaux et les étoiles
promené
par une houle
incontrôlable
imprévisible
et sans fin
derrière nous                                            les mauvais jours
devant                                                         l’espoir
et ce que l’on en fera

lundi vingt cinq mai deux mille vingt midi et deux minutes

et l’ancre que je remonte
encore une fois

à la fenêtre

à la fenêtre

le même cadre
qui change chaque jour
le même cadre
dans lequel je vois
le futur et le passé
le même cadre
qui entoure mes pensées
une alternance sans fin
de jour et de nuit

hier une pie est passée
elle cherchait ce qui brille
et a voulu prendre mes espoirs

il y a une semaine des hirondelles
qui s’amusait
bien plus que les humains

il y a un mois un orage
qui lacère le ciel
et fait trembler la Terre

il y a un an des joints
par dizaines
pour ne pas penser

il y a des années la rage
toujours présente
comme un incendie
qui refuse de s’éteindre
dernier rempart face à ce Monde froid

poète

la poésie apparaît
quand les mots sont insuffisants
pour définir le sensible
la poésie apparaît
quand la réalité est plus belle
que le langage
la poésie apparaît
quand on a honte, peur
quand le bloom domine
la poésie apparaît
quand nos émotions
sont libres et inadaptées
la poésie apparaît
à chaque seconde de ma vie
et à chaque seconde hors de ma vie
la poésie apparaît
quand il neige
ne serait-ce qu’un flocon
la poésie apparaît
du fond du trou jusqu’au sommet
et a chaque instant entre les deux

la poésie disparaît
si l’on ne la regarde pas
si on ne l’as connais pas
si on ne la cherche pas

mais tu sais elle est là
partout
avant la vie
et avant ta vie
dans les étoiles
chez les insectes
dans les amas de gaz
les galaxies
les forets
et les cailloux

tu sais elle est là
dans toi
tu es poésie
tu as été fait par de la poésie
tu marches poésie
tu respires poésie
tu crois poésie
tu pleures poésie
tu rêves poésie
tu te bas poésie

et ce poème est moins poétique
que ce qui t’entoures

la.e poète
est-iel celui qui lit de la poésie
sans lire de poème ?

outils

il nous manque des outils
pour définir ce monde
pour organiser ce monde
pour attaquer ce monde
outils
il nous manque des outils
des outils imaginaires et magique
des outils parfaits et redoutables
des outils personnels et collectifs
outils
il nous manque des outils
mais dans les ateliers
les garages, les chambres, les cuisines, les voitures, les parcs, les fermes

peu à peu
on construit nos outils
plus efficace
plus dangereux
moins connu
mais réel

Le prochain choc

vingt heure cinquante et une minute, le lundi onze mai deux mille vingt

déconfinement
pas fin du confinement
déconfinement
c’est transitoire
c’est flou
c’est vague
c’est bien comme mot
ça correspond
à la situation

les gens sont triste
un peu
les gens sont fous
souvent
les gens aiment
toujours
les gens seront libres
bientôt

déconfinement

personne est sûr
c’est ça le stimmung conclusif
le monde est flou
ça ne passe plus
on connaît pas le futur
et ça ouvre beaucoup de possibilités
trop peut-être
le troisième millénaire
commence en 2020
masqué.e.s
apeuré.e.s
distancié.e.s
enragé.e.s
au cœur de la tempête
le calme
et le temps de réfléchir
penser
se poser
remettre en question
l’époque
se préparer
au prochain choc

pour enfin riposter