une lassitude ce matin
où est-il cet incendie
qui a fait trembler l’Elysée
et brûler les champs
où sont-iels ces inconnu.e.s
venu.e.s de nulle part
avec leurs créativités
leurs outils
leurs espoirs
et leurs chants
en bande organisée
lié.e.s par des ronds points
des cellules miteuses de commissariats de France
par des mains qui se tiennent pas l’épaule
des regards à travers les lunettes de ski
des peurs collectives
et cette force qui nous fait nous envoler
loin
de ce Monde
proche des nuages
des oies partent en Érythrée
et on leur donne notre force
transmettez la à celleux qui souffrent
au Parti Imaginaire
qui gonfle
se répand
se multiplie
et dans un coin de notre cerveau
cette même rage
partout
des faubourgs de Dakar
aux réserves australiennes
dans les squats de Seattle
des caves de Hong-Kong
aux bars indonésiens
dans les forêts du Kashmir

organisons notre désertion

à elleux

iels sont si nombreu.ses.x
ces ouvrier.e.s
partant au taf
dans 2h
6h ou 8h
un lundi sept septembre vingt vingt à vingt-deux heure quarante et une
iels partent en voiture
dans de grands entrepôts
vides et froids
comme leurs vies
comme leurs taf
difficiles de savoir ce qu’ils produisent
des colis ou du service de tri
de l’emballage ou de la redistribution
ce sont les colis la marchandises
un flux continu
c’est dur
c’est répétitif
c’est de l’intérim et des cdd courts
c’est l’absence de sens
demain iels seront des millions
et le jour où tu liras
ces vers, toi, lectrix
iels y seront encore
à elleux

Astéroïde

un décollage aveugle
vers aucune destination
vers aucune vision de demain
ou va le futur
ou va l’avenir
mystère hasard
et ces poils qui se dressent
l’œil qui pétille
le cerveau qui chauffe
et une tension
cette tension
qui rend les secondes
se prolonger vers l’infini
et ce Monde ralentir
nous enfermé.e.s
dans notre pauvre prison humaine
on dérive
on plane
quelques coups de nageoires
vers le Soleil
laisser ses ailes brûler

pour s’alléger

puis toucher le sol

un atterrissage comme un astéroïde
tout de feu et de flammes
espérons
que le cratère
écrasera ce qui nous écrase

Vapeur

comme une vapeur
inodore
invisible
qui rampe
traverse les murs les fenêtres
les barbelés et les bunkers
rares sont ceux qui sentent cette vapeur
pourtant elle est là
de plus en plus envahissante
de plus en plus sauvage
de plus en plus intense
et dans les salons dorés
on transpire
en cherchant à être hermétique
désespérément
les cravatés n’iront nulle par

Débordement

un rêve de libération
et des manques
de liberté
de folie
de rage
et de guerre
comme un beau feu
qui s’est allumé
un mardi vingt-six aout vingtvingt
à dix heures trente
et dessous
comme ce Monde
au milieu d’une flaque d’essence
et nous
on attend
la bonne
étincelle
pour que tout
tous et partout
ça brûle
fort
l’humain du troisième millénaire
sera pyromane
la vie du troisième millénaire
sera belle
brillante et sincère
folle et brûlante
il neige
trop
tous les jours
chaque minute
ça s’entasse
et ce Monde disparaît
sous les couches de neiges

au dessus
on marche
et on voit
rien d’autre
que
l’immensité blanche
comme une feuille vierge
pour tout recommencer
mieux
comme le premier regard a un nouveau squat
comme ce désert
ou parfois
les fleurs éclosent
les fleurs fleurissent
puis meurt
comme un timing
comme une métaphore
comme un concept
comme un futur
par définition
indéfinissable
alors on le chante
à défaut de le définir

Poème fleuri 3

une envie de partir
hors de ce monde
loin d’ici
et tant d’options
ou veux-tu aller
dit-moi que cherche tu
dit-moi que rêve tu
dit-moi le mieux
n’est il pas
de ne rien chercher
pour trouver
les plus belles choses

Poème fleuri 2

ça brille fort
ça vit fort
et quoi de plus beau
que la vie
radicalement
différentes
radicalement
vivantes
radicalement
brillantes

comme un espoir
comme un futur
qui s’illumine
peu à peu

une impulsion
qui croit
vite
loin
bientôt

ou veux-tu aller poète
ou veux-tu aller lectrix
que veux-tu faire ami.e
qu’espère-tu rencontrer ?

Poème fleuri 1

rencontre
et rencontre
les gens sont si seul.e.s
les gens sont si atomisé.e.s
que chaque occasion
est une immense rencontre
rencontre
marquante
est-ce ainsi
que l’on gagne
est-ce ainsi
que l’on aime
est-ce ainsi
que l’on renverse
ce Monde
est-ce ainsi
que l’on vit
mieux
est-ce ainsi
que l’on brille
plus fort

Poème désertique 3

comme une joie
béate
et vivante
la neige pour rendre poétique
ce Monde
la neige pour me faire me ranger
la neige pour se pacifier
la neige pour oublier
et elle qui m’illumine
et m’eblouis
simple parce que beau
simple parce que triste
simple parce que mort
simple parce que vrai
simple parce que brillant
hier il a neigé
et ce matin je regarde
la neige fondre
ce Monde rouiller
ma rage s’éteindre
et moi vieillir

Poème désertique 2

les mêmes rues
les mêmes différences
les mêmes regards
les mêmes fringues
les mêmes rêves
vingt vingt
quand on croise quelqu’un
ses désirs sont les miens
ses malheurs sont les miens
son bloom est le mien