Un jour

Un jour

Un jour j’ai vu une plage

Un jour j’ai vu une plage sauvage

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé à quoi ressemble une forêt sauvage

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé à quoi ressemble une forêt sauvage, une plaine sauvage

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé à quoi ressemble une forêt sauvage, une plaine sauvage, une montagne sauvage

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé à quoi ressemble une forêt sauvage, une plaine sauvage, une montagne sauvage et puis j’ai réalisé que je n’en avais jamais vu

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé à quoi ressemble une forêt sauvage, une plaine sauvage, une montagne sauvage et puis j’ai réalisé que je n’en avais jamais vu, que je connaissais les plus grandes villes d’Europe

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé à quoi ressemble une forêt sauvage, une plaine sauvage, une montagne sauvage et puis j’ai réalisé que je n’en avais jamais vu, que je connaissais les plus grandes villes d’Europe mais pas une plaine sans champs

Un jour j’ai vu une plage sauvage où personne n’était venu, il n’y avais pas d’empreinte sur le sable la plage était lisse et je me suis demandé à quoi ressemble une forêt sauvage, une plaine sauvage, une montagne sauvage et puis j’ai réalisé que je n’en avais jamais vu, que je connaissais les plus grandes villes d’Europe mais pas une plaine sans champs, sans route, sans maison ou sans fil électrique

Platane

A ce platane. Qui a poussé dans une usine. Qui a poussé en pot. Qui a été modifié. Chimiquement. Génétiquement. Par la sélection. On t’as déplacé un jour dans un container avec d’autres de tes semblables. On t’as arraché de ta terre pour y garder que tes racines. On t’as déposé dans une nouvelle terre. Moins fertile. Couverte de béton et d’acier. Tu perçois de l’action autour de toi. Sauf qu’un platane ne devrait jamais percevoir autant d’action. Un platane doit être apaisé. Un platane doit sentir le vent sur son tronc. La pluie sur ses feuilles. Les cloportes entre ses racines. Le bruit des oiseaux sur les branches. Le mystère de la forêt qui l’entoure. La lumière des étoiles. Sauf que toi, platane, tu ne sens plus que le bruit des klaxons. La lumière assourdissante des lampadaires. Les cœurs marqué au couteau sur ton tronc. Les chiens et les hommes qui pissent à la chaîne sur tes racines. Tes branches découpées tous les ans pour éviter qu’elles tombent sur la route ou sur l’immeuble. Alors tu souffres. Et tes deux platanes voisins souffrent aussi. Et les humains et les chiens souffrent sous tes branches. Alors on te guérit. Pesticide, coupe, tranche.
Et un jour, sans même le savoir, un insecte venu d’Asie dans un container porté par un immense paquebot te rend malade. Tu ne peux pas lutter. Alors tu meurs et les hommes ne savent pas comment te soigner. Alors ils te coupent et t’arrachent. Tu en voulais à cet insecte au début. Et puis tu te rappelles de ce pic-vert qui est mort de faim car incapable de percer ton tronc. Alors, platane, avant de voir ta sève partir, tu comprends. Que tu n’aurais pas dû vivre cette vie. Que tu ne connaîtras jamais une autre vie. Que tu n’y peux rien. Tu en veux aux humains maintenant. Et tu regrettes de ne pas t’être écrasé au milieu de la route. Avoir tué un humain dans sa voiture bruyante et puante et en avoir bloqué d’autres. Tu aimerais crier mais tu es un platane, platane. Et c’est sur cette impuissance tardive que tu disparais platane quand tu sens les dents de la tronçonneuse te briser.

Le lendemain, un poète sort de sa porte d’entrée et voit une souche à la place d’un platane. Il se rappelle de sa fraîcheur, de sa verdure, des rares oiseaux dans ses branches. Lui aussi en veux aux humains. Lui non plus ne peux rien faire. Lui aussi en veux aux humains. À ce platane.

Évasion

Ses pieds nus sentent le sable que le soleil n’as pas encore eu le temps de chauffer. Elle marche quelques pas et sent une vague caresser ses orteils. Le soleil lui chauffe le corps alors que le vent glace sa peau. Ses cheveux aux vents lui barre la vue ce qui l’oblige à les remettre en place constamment.
Elle fixe l’océan et imagine ses mystères inconnus aux humains. Elle admire les lignes de vagues et l’écume éphémère. Elle se retourne et admire la folie incontrôlable de la jungle et quelque part au milieu une maison discrète, humble de par sa taille et immense de par ses rêves, ses créations, ses mondes. Une mouette se promène d’un pas aérien comme si même sur Terre elle refusait de quitter le ciel.
Elle crie et ce son brise la monotonie immémorable du bruit des vagues qui déferle, de l’eau sur le sable et du vent dans les feuilles.
Dans cet ensemble rendu parfait par les millénaires, elle s’arrête. Refuse de bouger, parler, penser. Elle s’allonge sur le sable, ferme les yeux et sent la chaleur sur ses paupières. Les yeux fermés, elle profite du confort donné par le sable épousant son corps. La chaleur gonfle lentement son corps et son esprit jusqu’à ce que

« Gare de Robinson, Terminus de tous les voyageurs ». Ça faisait 3 fois en un mois qu’elle s’endormait lors de la débauche. Comment lui en vouloir ?

Poème #2

Urbains

Les urbains ne voient plus les arbres
Les urbains ne voient que des lampadaires

Les urbains ne connaissent plus la vie
Les urbains ne connaissent que des machines

Comment leurs reprocher d’en être devenus ?

Homard

Lens, 9h mardi 22 février
Rendez-vous au pôle emploi à 10h
Plus d’argent pour payer le bus donc j’ai 45min à pied pour y aller
Pas le choix sinon je perds mes allocs
10h20 fin du rendez-vous
J’ai une formation obligatoire la semaine prochaine pour aider à « valoriser mon parcours »
11h je rentre chez moi
Mes gosses vont pas à la cantine, trop cher
Alors ils mangent à la maison
Poulet frites surgelés
comme tous les midis
De toutes façon on a pas de quoi leur payer d’autres choses à manger
D’ailleurs je jeun aujourd’hui
Pas envie d’encore devoir payer les ageo avant la fin du mois
Ils restent plus que 12€ avant mars
Heureusement que février n’as que 28 jours
14h je cherche un emploi
Je fouille, j’envoie des mails, on me réponds des refus bien trop polis
Enfin quant on me répond
C’est pas plus mal vu que les emplois proposés me donnent la gerbe
Intérim, manutentionnaire, abattoir, travail à la chaîne, caissier
19h30 mes gosses rentrent
Je sais pas trop ce qu’ils faisaient avant
J’m’en fous j’ai d’autres problèmes en tête
et d’autres mails à envoyer
20h05 JT TF1 11/07/19
Des homards
Des homards payé par mes impôts
Des homards dégustés par un politicien

Jamais mes enfants n’ont goûté de homard
Jamais je n’ai goûté de homard
Jamais mes enfants ne goûterons de homard
Ni mes voisins d’ailleurs
Ni mes amis
Ni mes ex-collèges
Ni les amis de mes enfants

Ce soir c’est trop
Trop pour moi
Trop pour la routine
Trop d’injustice
Trop pris pour un abruti

01h Ce soir j’ai tiré au fusil de chasse sur la préfecture
Et sur le Pôle Emploi
Je suis rentré chez moi
Ce soir je me suis promis que plus jamais
mes enfants ne vivront cette vie
Alors demain on ira pêcher
On trouvera probablement pas de homard mais
le poisson ça changera du poulet frite
Et j’apprendrai à pêcher à mes enfants
C’est sur un sourire que je m’endorme ce soir

6h perquisition
C’est un bélier défonçant ma porte qui me réveille
On menotte mes enfants
La caméra devant la préfecture a filmé ma plaque d’immatriculation

Je ferais 10 ans de taule
Peut-être les 5 dernières années avec un bracelet

Demain je n’irais pas à la pêche avec mes enfants
Et d’ailleurs dans 10 ans ils mangeront probablement encore du poulet frite
Ils n’auront jamais goûté de homard
Le pouvoir les monopolise

Étincelle

Elle est faible, une étincelle, impuissante, seule face au monde, volatile et éphémère. Mais elle ouvre des futurs. Elle est une menace à son propre Monde. Car il suffit d’une étincelle pour que tout brûle.

Car il suffit de la bonne étincelle pour que tout brûle.

Poème #1

Sensible

C’est une étudiante combative en fac d’anglais qui souhaite se venger du Monde. C’est un trentenaire partagé entre sa vie associative et ses missions d’intérim. C’est une serveuse payée une misère. C’est un cadre dans la finance qui déteste la finance. C’est une artiste amoureuse des corps. C’est un mec de cité qui connaît trop le racisme. C’est votre caissier.ère qui vous remercie en souriant après un réveil à 4h du matin pour faire un inventaire du magasin.

Et au moment où leurs marteaux touchèrent la vitrine celle-ci se brisa sous une pluie d’éclat de verre. Et iels réalisèrent alors à quel point ce geste simple était à la portée de tous. Tout ne tient que par notre passivité.